Elle est terrible cette défaite de l'imaginaire de gauche !
Elle est terrible cette victoire des mots de la droite !
Terrible cet usage non réfléchi des poncifs les plus éculés des réactionnaires par des "copains de twitter" qui se disent de gauche, voire à gauche de la gauche (même si c'est particulièrement éclairant, nous passerons outre le fait que cette "gauche à gauche de la gauche plus à gauche que ta gauche pas très à gauche a totalement oublié, abandonné, rejeté l'idée de révolution !)
Terrible cette image du parasite, du boulot de merde !
Et pourtant ces gens, eux, venus de cette "gauche à gauche de la gauche plus à gauche que la poche gauche du 3 pièces de Sapin" qui, pour défendre le fonctionnaire contre le gars de droite, en croyant bien faire, te sortent systématiquement le prof (bien que méchamment corporatiste, le prof ! beurk, note to self : "s'en méfier"), l'infirmère et le flic.
Mais trou du cul, et la petite bonne femme que tu ne vois même pas dans ta mairie, et qui un lundi sur deux [1] te vend le carnet de tickets pour la cantine de tes gosses. L'employée qui vérifie les papiers pour ta demande de passeport, les gars qui réparent le toit du gymnase du village...
C'est quoi, des parasites eux aussi ?
C'est dans ce "gras-là" que tu penses qu'il faut tailler pour réduire les dépenses ?
Et toi, ami de gauche de la gauche, sympathisant mais pas trop, (en tous cas pour les autres), qui te désoles qu'une personne doive "se contenter d'un boulot de fonctionnaire" ! Mais elle est énorme l'abnégation de celui ou celle qui accepte contre un salaire certes pourrave, mais que compense la sécurité de l'emploi, de travailler pour les autres, sans en attendre de merci, ni de possibilité d'enrichissement. Tout en s'attendant à voir son point d'indice gelé, parce que bon, c'est comme ça, le fonctionnaire, c'est la variable d'ajustement pour "réduire le train de vie de l'État" [2] dans ce monde marchandisé à outrance.
Alors oui, je suis enseignant, oui, si tu veux, traite-moi de corporatiste, si ça te soulage. Mais avec ce qu'on se prend dans la gueule, je n'ai qu'une chose à te dire, ami "de gauche à gauche de la gauche plus à gauche que la gauche de la Berlutti gauche de Moscovici", va te faire foutre, crève du burn-out imposé par ton petit chef, et fais toi ta fortune, si tu t'en sens capable ! Je m'en bats les steaks, moi, de "faire du pognon" !
Mais je sais que dans 3 ans (si le gros con en nuage me prête vie), je pourrai encore prévoir de m'acheter une maison, sans peur du lendemain. Je n'ai pas de soucis à me faire pour mon avenir, ma vie est (relativement) protégée au moins jusqu'à ma retraite, et normalement, ça ne sera pas une difficulté insurmontable de payer et les études et la location d'un appartement pour mes gosses. Et tout ça, sans devoir me battre à mort pour avoir de meilleurs résultats que mon collègue !
Et tout ça, mon gars, ben peut-être que je changerai d'idée quand la révolution aura été faite, mais en attendant, je trouve que ça n'a pas de prix ! Une vie sans se soucier trop du lendemain, sans avoir peur de se retrouver à la rue parce qu'un enculé de patron aura choisi de monter les dividendes desparasites actionnaires à 18% au lieu de 14 !
J'en accepte le prix : un salaire ridiculement bas pour ce niveau d'études. Alors excuse-moi, ami de la gauche de gauche plus à gauche que ma couille gauche, cet immense privilège, oui, je vais le défendre bec et ongle. Et j'attends pas après ton bulletin de vote pour ça ! [3]
Ça doit être ça, que tu appelles COR-PO-RA-TIS-ME, non ?
Ben non, connard, c'est juste que nous défendons nos droits, nous ! Car je fais partie d'un corps de profession qui est toujours la cible privilégiée des marchands de bêtise, d'aliénation et de bas salaires. Mon métier c'est de "vendre" (autant que faire se peut) de l'intelligence, et de la capacité de réflexion.Étonne-toi donc qu'on me cogne tellement dessus, au point que même toi, tu en es venu à reprendre leur antienne. Moi, qui dois subir des réformes à chaque nouveau ministre, des nouveaux programmes, des nouvelles exigences, des nouvelles "évaluations", de nouvelles obligations de service, sans augmentation, et en prenant bien soin de ne pas avoir évalué (justement) les réformes précédentes !
Étonne-toi qu'on essaie de me faire taire ! Et puis, tiens, c'est pas super-jeune, mais tu liras avantageusement ça, ami plus à gauche que la gauche du ventricule gauche du cœur de Cohn-Bendit !
Notes
Elle est terrible cette victoire des mots de la droite !
Terrible cet usage non réfléchi des poncifs les plus éculés des réactionnaires par des "copains de twitter" qui se disent de gauche, voire à gauche de la gauche (même si c'est particulièrement éclairant, nous passerons outre le fait que cette "gauche à gauche de la gauche plus à gauche que ta gauche pas très à gauche a totalement oublié, abandonné, rejeté l'idée de révolution !)
Terrible cette image du parasite, du boulot de merde !
Et pourtant ces gens, eux, venus de cette "gauche à gauche de la gauche plus à gauche que la poche gauche du 3 pièces de Sapin" qui, pour défendre le fonctionnaire contre le gars de droite, en croyant bien faire, te sortent systématiquement le prof (bien que méchamment corporatiste, le prof ! beurk, note to self : "s'en méfier"), l'infirmère et le flic.
Mais trou du cul, et la petite bonne femme que tu ne vois même pas dans ta mairie, et qui un lundi sur deux [1] te vend le carnet de tickets pour la cantine de tes gosses. L'employée qui vérifie les papiers pour ta demande de passeport, les gars qui réparent le toit du gymnase du village...
C'est quoi, des parasites eux aussi ?
C'est dans ce "gras-là" que tu penses qu'il faut tailler pour réduire les dépenses ?
Et toi, ami de gauche de la gauche, sympathisant mais pas trop, (en tous cas pour les autres), qui te désoles qu'une personne doive "se contenter d'un boulot de fonctionnaire" ! Mais elle est énorme l'abnégation de celui ou celle qui accepte contre un salaire certes pourrave, mais que compense la sécurité de l'emploi, de travailler pour les autres, sans en attendre de merci, ni de possibilité d'enrichissement. Tout en s'attendant à voir son point d'indice gelé, parce que bon, c'est comme ça, le fonctionnaire, c'est la variable d'ajustement pour "réduire le train de vie de l'État" [2] dans ce monde marchandisé à outrance.
Alors oui, je suis enseignant, oui, si tu veux, traite-moi de corporatiste, si ça te soulage. Mais avec ce qu'on se prend dans la gueule, je n'ai qu'une chose à te dire, ami "de gauche à gauche de la gauche plus à gauche que la gauche de la Berlutti gauche de Moscovici", va te faire foutre, crève du burn-out imposé par ton petit chef, et fais toi ta fortune, si tu t'en sens capable ! Je m'en bats les steaks, moi, de "faire du pognon" !
Mais je sais que dans 3 ans (si le gros con en nuage me prête vie), je pourrai encore prévoir de m'acheter une maison, sans peur du lendemain. Je n'ai pas de soucis à me faire pour mon avenir, ma vie est (relativement) protégée au moins jusqu'à ma retraite, et normalement, ça ne sera pas une difficulté insurmontable de payer et les études et la location d'un appartement pour mes gosses. Et tout ça, sans devoir me battre à mort pour avoir de meilleurs résultats que mon collègue !
Et tout ça, mon gars, ben peut-être que je changerai d'idée quand la révolution aura été faite, mais en attendant, je trouve que ça n'a pas de prix ! Une vie sans se soucier trop du lendemain, sans avoir peur de se retrouver à la rue parce qu'un enculé de patron aura choisi de monter les dividendes des
J'en accepte le prix : un salaire ridiculement bas pour ce niveau d'études. Alors excuse-moi, ami de la gauche de gauche plus à gauche que ma couille gauche, cet immense privilège, oui, je vais le défendre bec et ongle. Et j'attends pas après ton bulletin de vote pour ça ! [3]
Ça doit être ça, que tu appelles COR-PO-RA-TIS-ME, non ?
Ben non, connard, c'est juste que nous défendons nos droits, nous ! Car je fais partie d'un corps de profession qui est toujours la cible privilégiée des marchands de bêtise, d'aliénation et de bas salaires. Mon métier c'est de "vendre" (autant que faire se peut) de l'intelligence, et de la capacité de réflexion.Étonne-toi donc qu'on me cogne tellement dessus, au point que même toi, tu en es venu à reprendre leur antienne. Moi, qui dois subir des réformes à chaque nouveau ministre, des nouveaux programmes, des nouvelles exigences, des nouvelles "évaluations", de nouvelles obligations de service, sans augmentation, et en prenant bien soin de ne pas avoir évalué (justement) les réformes précédentes !
Étonne-toi qu'on essaie de me faire taire ! Et puis, tiens, c'est pas super-jeune, mais tu liras avantageusement ça, ami plus à gauche que la gauche du ventricule gauche du cœur de Cohn-Bendit !
Notes
[1] Parce que les autres jours, elle s'occupe de l'état civil, des travaux, de la salle de sport, des marchés publics...
[2] Bien sûr, toi qui es de gauche (juste de gauche) tu auras compris qu'il s'agit surtout de filer une part de ton salaire aux banquiers !
[3] J'attends maintenant avec impatience et délectation que tu m'expliques en quoi mes années de militantisme à Sud Education sont une preuve de corporatisme