CorinnePerpinya twitteuse de talent et blogueuse idoine sur l'indispensable Babordages a commis un beau billet dans lequel elle se demande (nous demande ?) ce que Renoir, Prévert, Rimbaud, Baudelaire penseraient de la bêtise crasse qui partout suinte du monde qui nous entoure. De l'art, du beau, comme refuge contre les agressions du monde.
Dans les commentaires, dont certains sont vibrants d'inculture assumée et revendiquée, l'on peut désormais constater avec quelle fierté les indigents de la pensée marchande et préformatée affichent leur penchant pour la médiocrité et l'immédiateté..
"Trop long, pas lu"
assène Masterludo
Que se passe-t-il donc dans la tête de l'un de mes frères humains probablement français, et partant, ayant donc reçu un minimum de bagage culturel, pour que, tout honte bue, il ose ainsi afficher sa fainéantise intellectuelle ? Tout se passe désormais comme si la bêtise, l'amour du médiocre, du made in China, et du "pensé by BHL" revêtait la seule aura de supériorité possible. Comment s'étonner dès lors que les slogans et idées simplistes emportent à ce point "l'adhésion des masses" ?
Mais enfin, MasterLudo, bien que je ne te dénie le droit ni de vivre ni de t'exprimer, puis-je juste me permettre de te suggérer un peu de fierté, un peu de grandeur ? Un peu d'élégance à l'encontre de toi-même et des autres ? Moi aussi il m'arrive de renoncer à lire un billet, un article, un livre, dont "l'incipit" et la longueur m'auront découragé, mais que diable, pourquoi l'aller clamer haut et fort ? D'abord parce que c'est une attaque gratuite envers celui ou celle qui s'est donné la peine d'écrire un texte, et ensuite parce que, sincèrement, afficher ton refus d'apprendre ou de comprendre, ainsi que tu le fais nous rapetisse tous, à commencer par toi, bien évidemment, mais pas seulement. L'indigence de ton commentaire fait baisser notre intelligence collective.. Ce dont elle n'a vraiment pas besoin actuellement.
Ton irrépressible besoin de te sentir exister (sur la toile à défaut d'autre chose) doit-il nécessairement passer par l'étalage de ta bêtise ? Mais enfin ! Aie un peu de fierté, que diable, et cache cette médiocrité qui transparaît et dans ton commentaire et dans tes tweets.
Ce billet de Corinne, glorifie le beau, l'intelligence, la douceur, la délicatesse. Elle évoque le rôle de refuge que peut (que doit ?) revêtir l'art quand, dans les relations que nous entretenons, tant est fait pour diviser, pour générer de la laideur, de l'ignorance, du conflit, du rejet.
Je les lis et relis, tellement envieuse de cette musique si harmonieuseEt, plus loin
Quid de l’humanité, du respect d’autrui qui, a priori, devrait être le message à délivrer ?
Ce beau qui fait tant défaut, cet amour du verbe, de la musique d'une phrase, de la légèreté d'une image... Un refuge, un cocon où l'Homme est grandi.
"Un peu élitiste ce billet, non ?"
demande Claudius
Est-ce être élitiste que de demander de la beauté ? Est-ce qu'apprécier la délicatesse est réellement de l'élitisme ? Au prétexte que cette société n'a plus rien à nous offrir que la lutte de tous contre tous, de la compétition à tout prix, du moins disant artistique et culturel, de l'efficacité et de la "productivité", alors prendre le temps de faire du beau, de dire, regarder, écouter et lire, produire, penser, désirer et consommer du beau deviendrait une perte de temps ?
Ne peut-on, pour une fois, sortir par le haut de cette médiocrité si uniformément partagée ?
Est-ce que vouloir dépasser les horizons de la télévision — cet encore inamovible instrument d'avilissement qui nous débite au kilomètre de la bêtise populaire qui se donne à voir ; enrubannée dans la vulgarité souriante et tremblante du possible nouveau riche que la bonne société offre en pâture à nos bas instincts de voyeurs à la fois envieux béats et écœurés — c'est être élitiste ?
Étaler son absence de culture sur le web (qui n'est plus que vaguement l'ombre commerciale de ce qu'il fut en essayant désespérément de nous tirer des larmes à propos du manque à gagner que représentent pour eux les bloqueurs de publicité - ce summum indépassable et clignotant de la vulgarité la plus crasse dont sont capables les boutiquiers cupides que l'on nomme entrepreneurs, ou poussins), voilà donc tout ce dont est aujourd'hui capable le citoyen ?
C'est donc être élitiste que d'avoir la prétention de se situer un peu au dessus de cela ? Alors soit, je suis élitiste. Et oui, j'emmerde vos Lévy, Musso et Ouellebecque, Stromae et séries US, blockbusters et vaudevilles réchauffés.
J'assume.
Merci Corinne pour ce beau billet.
