Hier, j'ai été agressé !
Oh pas physiquement, non, juste une
petite insulte gratuite, venant de nulle part, surgissant par surprise,
vulgaire comme une virgule sur le mur des toilettes d'un restoroute. De
ces petites contrariétés qui vous font toucher du doigt la vacuité
intellectuelle de leur auteur.
De retour d'une fort agréable
séance de lecture au chaud soleil de mai, la tête pleine encore des
envolées lyriques dont Hubert Reeves sait si bien parsemer ses écrits et
du doux chant des quelques bergeronnettes printanières ayant choisi de
passer leur après-midi non loin de moi, je m'assieds, indolent, devant
mon écran, et regarde passer les tweets, sans intention de participer,
comme ça, par un bête gaspillage volontaire de mon temps, pour prolonger
un peu ce moment de quiétude, et aussi avouons-le, pour reprendre pied —
le plus lentement possible — dans les réalités de la part de leur vie
que mes camarades acceptent de partager sur Twitter.
Soudain, venant de nulle part, et sans qu’aucun signe avant coureur n'ait pu me le laisser anticiper, j'apprends, au débotté que je suis ... une lente.
Mon
premier mouvement est de relire le tweet et de chercher quelle
intention cette improbable erreur de frappe pouvait cacher. Je lorgne
vaguement du côté droit de mon clavier et cherche autour du "L". Le P ?
Une pente ? Peu probable... Mente ? Manque alors un H, et quand bien
même, cela n'aurait aucun sens ! Ainsi, ce n'est pas l'initiale qui est
fautive ; un rapide coup d'œil vers les autres lettres du mot me
confirme ce que je commençais à pressentir : rien qui fasse sens. J'en
conclue donc que le pithécanthrope [1] a bel et bien voulu écrire "lente".
Palsambleu ! Me voici donc un parasite du cheveu en devenir ! Quelle rude attaque !
Je
m'enquiers de la raison, mais notre anarchiste de salon — d'aisance —
ne s'en laisse pas compter, et au lieu que de s'excuser, ou de passer à
autre chose, mû par ce brillant état d'esprit de minuscule stalinien de
pacotille [2],
petit-chancre-qui-suinte part illico fouiller dans ses archives pour
appuyer ses dires, sans oublier au passage de m'égratigner à plusieurs
reprises en m'affublant d'une nouvelle "qualité" : celle d'alcoolique !
Moi ! Mais je suppute que tel un petit vichyste zélé ne renonçant ni à
la calomnie ni à la délation, il aura estimé que cette vilenie à mon
encontre compensait l'absence dans ses archives de dossier crédible
permettant de "m'élever" au rang de nazi !
Car
tu n'ignores pas que petit-stal-qui-sait-tout-mieux-que-toi, de ses
petits doigts que j'imagine assez bien boudinés, compile, compute, trie,
range, classe, enregistre, inventorie, série, alphabétise, nomme, et
surtout amalgame. Sait-on jamais ! Avec un peu de chance, peut-être
pourra t-il profiter d'une de ses petites émeutes de carnaval pour faire
équarrir qui n'a point l'heur de l'agréer. Et surtout, il est important
de pouvoir retrouver promptement l'information, aussi débile que puisse
la concevoir son cerveau sclérosé ! Tenez, par exemple,
petit-stal-révisionniste enregistre consciencieusement des tweets
contenant .... des liens vers une playlist musicale ! Ah si si !
Pourquoi ? Pour la raison déjà expliquée ici et qui postule qu'on devient fasciste par capillarité !
Petit stal de merde part donc chercher dans ses petits dossiers quel
lien il pourrait créer de toute pièce pour épurer et, incontinent,
exhume et assène "La preuve" : ton @ figure dans même tweet que celui
d'un vague nazillon... vers une playlist musicale.
Cliquez ici pour découvrir l'acte d'accusation |
-
Euh, oui, mais (sans même parler de ce que ce @ est bloqué depuis des
lustres) on parle de musique, là ! et de plus, je ne suis que récepteur !
- C'est pareil !
- Ah ! je ne s... mais oh, dis donc, petit être chétif, qu'il est seyant ce petit polo, ça vient d'où ?
- D'une vente privée de chez Fred Perry
- Oh, ça alors, comme les fachos, donc ?
- Ah non, c'est pas pareil !
- Ah bah oui, suis-je con [3] !
- C'est pareil !
- Ah ! je ne s... mais oh, dis donc, petit être chétif, qu'il est seyant ce petit polo, ça vient d'où ?
- D'une vente privée de chez Fred Perry
- Oh, ça alors, comme les fachos, donc ?
- Ah non, c'est pas pareil !
- Ah bah oui, suis-je con [3] !
Ceci étant dit, petite-fistule-variqueuse-purulente m'a rendu un bien grand
service, outre qu'il m'a permis de remettre la main sur deux petites
douceurs dont je n'avais pas gardé trace, et que je me ferai un
véritable plaisir de partager avec vous un de ces jours, il m'a donné
aussi l'occasion de l'un de ces petits exercices de sculpture sur
connard que j'affectionne tant !
Et enfin, puisqu'un rappel vaut mieux qu'une défense longue et chronophage, je précise une nouvelle fois qu'en ce qui concerne l'anti-fascisme, je n'ai vraiment, mais, vraiment, de leçons à recevoir de personne !
À bon entendeur ...
À bon entendeur ...
Notes
[1] C'est lui qui se nomme ainsi, personnellement, je le trouve prétentieux, et l'aurais plutôt classé parmi les ancêtres d'Afarensis ou d'Orrorin.↩
[2] Car, oui, antifa a toutes les manières du vieux stal sur le retour, avec toutefois le très net désavantage de n'avoir aucune idéologie, hormis l'obsession sourde de retrouver chez tout ce qui n'est pas lui, le moindre indice qui pourrait conduire sa cible au bûcher des vanités et péchés par lui décrétés.↩
[3]Tu auras bien compris que te faire envoyer un lien vers un clip musical est un élément de preuve suffisant pour te classer immédiatement et irrémédiablement au rang de facho si ton @ figure dans une liste aux côtés de celui d'un nazillon notoire, mais qu'aller acheter les mêmes vêtements de luxe que les fachos, ça n'a aucun rapport, voyons ! "Et puis, oh, on ne va quand même pas s'habiller en pouilleux, comme ces gauchistes pro-nazis."↩